Racines, 73x95cm

Racines (détail), 73x95cm

Oiseau-tonnerre, 180x90 cm

Oiseau-tonnerre (détail), 180x90 cm

Nuit, 60x72 cm

Nuit, 60x72 cm

ANNELISE DUFOURNEAUD

teinture végétale, broderie

   Lorsque j'ai connu Annelise Dufourneaud, elle sillonnait les bords de Loire en Touraine pour y cueillir des plantes tinctoriales : gaude, feuilles de figuier, rose trémière, mauve, tanaisie... avant de les faire sécher chez elle, de les dépiauter patiemment, de les mettre à "infuser". Sa maison ressemblait à l'antre de Baba Yaga, pleine de gerbes de plantes pendues tête en bas aux tringles à rideaux, aux fils tendus en travers de la cuisine. Au sol, s'étalaient des bassines à confiture dans lesquelles l'eau prenait des couleurs d'un violet profond, d'un vert tendre, d'un rouge ocre. Et parfois - magie de la teinture - le tissu mis à tremper dans une eau aux teintes jaunes en émergeait d'un vert éclatant !
   Quand elle n'était pas en train de préparer ses teintures, Annelise chinait des tissus anciens en fibres naturelles dans les brocantes de la région, chanvre, coton...
Puis, elle se mettait à broder. Des racines, des vagues, des oiseaux-tonnerre ou le mythe de Chronos apparaissaient sur le tissu... au bout de quelques jours ou plusieurs mois d'un travail patient.
   J'ai aimé l'écouter parler de son travail, l'observer préparer ses teintures, voir l'évolution de ses broderies. J'ai aimé l'écho que je perçois entre broderie et écriture. Le même patient agencement de points qui au départ ne semblent mener à rien, avant de se rassembler pour former un tableau qui fait sens. J'ai aimé l'humilité de ce travail lent et incertain (la teinture végétale joue parfois des tours à l'artiste !), le tâtonnement qui s'allie à l'inspiration. J'y retrouve bien des processus créatifs qui m'animent également quand j'écris.
   Le travail d'Annelise a inspiré la dernière partie de la Mélancolie du monde sauvage...

Pour en savoir plus sur ses teintures et broderies : site d'Annelise Dufourneaud.

CLément darrasse - tricHromies

Branche de cerisier, assiette brisée, crabe, poulpe, pied foulant l'herbe...Les trichromies de Clément Darrasse captent des détails fugaces en y inscrivant le temps. Temps de la prise, temps de l'expérience - déjà passée - temps de ce qui est périssable et passager. Leur force d'évocation vient à mon sens de cette conscience qui s'impose au spectateur de la fragilité anodine de l'univers capté.  Le procédé de la trichromie donne un aspect à la fois étrange et brut aux choses et aux êtres photographiés.
Si le personnage de Sabrina explore ce procédé dans La mélancolie du monde sauvage, c'est grâce à ma découverte de l'univers visuel de Clément.
Pour en savoir plus sur la façon dont Clément Darrasse met en oeuvre cette technique, rendez-vous ici :  https://blog.grainedephotographe.com/rendez-vous-avec-un-photographe-clement-darrasse/