Halanga II.

 Les hommes-oiseaux


Hannah atteint enfin les contrées de l’Est sauvage, où se dresse une forêt d’arbres géants. Qui sont ces hommes aux allures d’oiseaux qui l’habitent ?
À l’ouest des montagnes, la cité de pierre est envahie. Renvoyée de force à Halanga, Prunelle découvre son funeste destin : épouser Sixte, dont le pouvoir est sans limite.
Pour venir en aide aux siens et défier le tyran, Hannah devra rallier ceux qui, dans l’ombre, continuent de résister. Et espérer que les arbres, le vent et la pluie soient de nouveau derrière elle… 

couverture du livre Halanga (Paul Echegoyen)

Halanga, Les mangeurs de pierre

 
Halanga, c'est l'histoire d'une jeune fille qui entretient un lien privilégié avec la nature qui l'environne. C'est l'histoire de la tyrannie, de la soumission des hommes et de l'accaparement des ressources ; mais aussi l'histoire des réponses que suscite le pouvoir autoritaire - compromission, fuite, résistance...
Halanga, c'est un voyage initiatique à travers forêts et montagnes, à la rencontre de peuples qui vivent autrement et qui pourront peut-être aider ou offrir une halte.

C'est aussi ma première incursion en littérature jeunesse, dans la formidable maison d'édition Syros ! Je suis heureuse d'en annoncer la parution le 7 septembre 2023 

La Mélancolie du monde sauvage

L’art comme ouverture à soi et au monde.
L’art comme moyen de résilience.
L’art comme outil d’adaptation à l’évolution d’un monde qui devient différent, mais pas meilleur.
L’art comme une pâte que Sabrina modèle chaque jour, jusqu’à l’acceptation de soi et des empreintes qui lui survivront. 

La mélancolie du monde sauvage

   J'ai commencé l'écriture de ce roman alors que, nourrie de lectures sur l'effondrement, l'érosion de la biodiversité, le réchauffement climatique, je me sentais écrasée par le constat de l'impact de l'humain sur le vivant et mon sentiment d'impuissance face à cette situation. J'avais beau tenter au quotidien de minimiser mon impact sur la planète et de m'engager en parallèle dans des actions collectives, tout cela me semblait peser bien peu...  J'avais besoin de trouver des sources d'inspiration pour d'autres façons de vivre en lien avec la terre.
   Mon hamac-moustiquaire dans le sac à dos, je suis donc partie sur les chemins des Alpes du Sud pour découvrir le Refuge d'art d'Andy Goldsworthy. Les vertus de la solitude et de la marche, la découverte de ces havres de beauté au milieu d'une nature préservée m'ont aidée à retrouver l'élan d'écrire, au-delà du sentiment de l'inanité (de l'inutilité ?) de l'art face à la crise écologique.
   Le cheminement s'est poursuivi auprès de femmes engagées dans des modes de vie cherchant à avoir un impact positif sur leur environnement - parmi lesquelles les constructrices de kerterres, Evelyne Adam et toutes celles qui l'entourent, et qui m'ont permis de mettre la main à la pâte (ou plutôt dans la chaux !)... Je retrouve dans leur façon d'habiter la Terre la notion d'"aggradation" défendue par le mouvement de la désobéissance fertile, un positionnement dans lequel l'humain participe à fertiliser les écosystèmes plutôt que de les exploiter.
   Ce tour de piste serait incomplet sans l'évocation des artistes qui ont croisé mon chemin et qui étaient engagés dans la même recherche de cohérence entre le geste artistique et le lien au vivant, Annelise Dufourneaud et ses broderies, Clément Darrasse et ses trichromies, Gary et ses bronzes dissimulés dans les jardins des Alpes du Sud, Lilas Quétard et sa structure en bois mille fois remodelée...
   La mélancolie du monde sauvage est un roman né de ces rencontres et de la recherche d'une autre manière d'être au monde, où l'humain tente d'avoir un impact positif sur la Terre et les autres êtres vivants.

Il va de soi que tous les personnages du roman sont des êtres de fiction et que leur vie de papier ne saurait être assimilée à celle, bien plus riche, complexe, et surtout très différente, de leurs inspirateurs/inspiratrices !

Refuge vieil Esclangon (Goldsworthy)

Refuge d'art Vieil Esclangon (Goldsworthy)

Campanule raiponce rencontrée au bord du chemin

Le Bès - argile et pierres colorées

La perspective du vélodrome

Racines
d'Annelise Dufourneaud

Avant l'aube... les Alpes du Sud

Construction de kerterre : préparation de mèches de chanvre

La Kerterre d'Eglantine et Jérôme

Si nos déchets devenaient visibles...

En France, chaque habitant produit plus de 350kg de déchets ménagers par an... et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Si on inclut les  déchets du BTP,  de l'industrie, de l'agriculture,  on atteint 13,8 tonnes de déchets produits par an et par habitant... Mais nous sommes passés maîtres dans l'art de ne pas voir ces déchets. Nous nous félicitons de la propreté de nos villes alors que notre activité quotidienne repose sur un gigantesque gâchis de ressources.
Le pays où les arbres n'ont pas d'ombre part d'un postulat : si au lieu de cacher ces déchets que nous ne voulons pas voir, on imaginait un monde dans lequel ils deviennent visibles, monstrueusement visibles, au point de déterminer le fonctionnement de la société, de régir entièrement l'existence des hommes et femmes qui la composent, quelles seraient alors les règles de ce monde, son rapport à l'humain, à la nature, à la liberté, à l'autre ?

Carte dessinée par Bénédicte Florin, géographe, spécialiste des déchets, à partir du Pays où les arbres n'ont pas d'ombre.

Carte faite par B.Florin, géographe, spécialiste des déchets, à partir du roman

Alors que je préparais ce livre, nous nous sommes rendues à la casse de Saint-Pierre des Corps avec l'artiste Annelise Dufourneaud. C'était un paysage étrange, dérangeant, où les composants d'objets industriels familiers prenaient en étant compressés, entassés, dépecés l'apparence de constructions monstrueuses et effrayantes par leur gigantisme. Mais il y avait aussi parfois une beauté étrange dans ces formes, ces couleurs, ces entassements. J'en suis repartie avec une impression mêlée, entre effroi face à ces quantités de déchets et drôle de mélancolie... peut-être ces objets mis au rebut nous rappellent-ils notre propre fugacité ? C'est lors de cette visite qu'a surgi l'idée de l'épisode où Marie (l'adolescente du roman) aperçoit d'immenses tas de cheveux luisants... dont elle se rend compte ensuite qu'il s'agit de tas de fils de cuivre. Cette incertitude entre une matière organique et une matière inerte m'a longtemps hantée. 
Ci-dessous les photographies si évocatrices qu'a réussi à en faire Annelise :

fils de cuivre à la casse (photo : A. Dufourneaud)
voitures à la casse. Photo : A. Dufourneaud
roues géantes à la casse. Photo : A. Dufourneaud

Arithmétique des Dieux

Arithmétique des dieux, c'est un roman né d'une conversation avec ma grand-mère, qui m'a confié, un jour d'été 2011, l'histoire de son amie déportée en Sibérie en 1940, lors de l'occupation de l'Estonie par l'armée soviétique. C'est l'histoire de leur correspondance, commencée en 1945, mais c'est aussi l'histoire d'une multitude de femmes et d'enfants ayant connu un sort similaire dans l'Estonie des années 40. 
Livre de correspondances, livre introspectif, ce roman est également une réflexion sur ce qui fait notre humanité dans les situations les plus inhumaines, et une interrogation sur la façon dont le poids de l'Histoire se transmet de génération en génération à travers les silences plus encore que les discours.

 

J’étais adolescente quand l’Estonie a retrouvé l’indépendance, en 1991. Les années qui ont suivi cette rupture politique, je retournais à Tallinn tous les étés, et j’étais frappée de voir la façon dont les changements s’incarnaient concrètement dans les rues de ma ville natale. 

Là où s’étaient dressés les anciens magasins soviétiques, aux étagères éternellement vides et aux vendeuses revêches parlant russe, apparaissaient des glaciers Pingviin, des boutiques des kiosques remplis de chewing-gums, de hot-dogs et de cassettes audio piratées. Les vêtements envoyés d’Europe de l’Ouest dans le cadre de l’aide humanitaire pour prendre le relais des éternels manteaux gris soviétiques et des pantalons beige informes, se retrouvaient miraculeusement dans des échoppes de seconde main ou dans de grands bacs en fouillis sur les marchés aux quatre coins de la ville....


 

... Et puis, il y avait partout du bleu, du noir, du blanc – couleurs du drapeau estonien. Bleu-noir-blanc les chaussettes tricotées, bleu-noir-blanc les écharpes, les cartes postales, les assiettes en céramique, les bérets. Comme tout changement historique, celui-ci s’accompagnait d’une floraison de mythologies. Gamine, je regardais cette période d’effervescence avec des yeux ronds et l’envie brûlante de participer à ce qui ressemblait à une grande fête collective, mais une fête assortie du retour des cartes de rationnement et d’une explosion du marché noir – il faudrait quelques années à l’économie estonienne pour se relever. Moi qui vivais désormais en France et ne suivais les changements que de l’extérieur, et sporadiquement, j’avais l’impression de passer à côté d’un moment crucial comme on n’en vit que rarement. Etrangement, j’étais déjà sensible à la façon dont tout moment historique fabrique ses mythologies, ses héros et ses anti-héros, comme la figure de ces deux jeunes hommes qui en août 1991 avaient empêché seuls que les chars envoyés par Moscou prennent possession de la tour de télévision estonienne. Plus tard, de l’extraordinaire émergeraient de nouvelles figures de pouvoir ordinaire avec, comme partout ailleurs, leur capacité à exploiter les récits fondateurs à leur profit, à capitaliser sur ces derniers, de même que les businessman bien avisés de l’époque ont su capitaliser sur le rachat à bas prix de biens de l’Etat soviétique, et bâtir là-dessus leur fortune. 

Bien des années après, j’ai eu envie d’écrire sur cette époque. C’est de cette fascination d'adolescente qu’est né Un roman estonien. Un roman sur le mythe, sur la façon dont on construit les histoires et dont les histoires, parfois, peuvent se retourner contre ceux qui les fabriquent.